Bilan 2021
Décembre 2021
Prendre au sérieux, et selon toutes ses dimensions, la mutation planétaire en cours sous nos yeux: vers une nouvelle étape de l'hominisation!
J'ai tenté de Mars à Juin 2020 de stimuler l'esprit de mes proches confinés par des “pensées” reprises aux écrits de Pierre Teilhard de Chardin. C'est que le caractère planétaire de la pandémie illustrait clairement la vision teilhardienne d'une unification progressive du genre humain, unification qui, aux yeux de Teilhard, s'était déjà manifestée à travers les deux premières guerres mondiales de 1914-18 et 1940-45. Il s'agirait là d'un “travail” (mot utilisé également pour l'accouchement) comparable aux grands mouvement géologiques qu'a connu et que connaîtra encore notre planète! Mais, désormais, avec l'accompagnement probable de la créativité humaine.
Cette transmission teilhardienne a été relayée par la Revue Noosphère (n° 13, février 2021, pp. 19-32) sous le titre Confinement: des forces pour revivre. J'avais intégré, sous sa forme première, ces pensées teilhardienne dans l'INTERFACE_2020 de Juin 2020.
Je crois vraiment que Teilhard de Chardin est “le” penseur qui peut nous permettre d'affronter, spirituellement et intellectuellement, la grande mutation planétaire qui se déploie sous nos yeux.
Autre homme, autre chrétien à l'âge numérique: cette mutation est caractérisée par le passage à l'ère de la communication numérique avec toutes ses conséquences bonnes ou mauvaises possibles! Cela passe par de nouveaux modes de relations entre les humains, et, notamment, entre femmes et hommes. Des rapports qui ne seront plus impérativement liés aux contraintes de la procréation.
Des relations qui demanderont plus d'intériorité, et donc une diminution des nuisances bruyantes dont la civilisation médiatisée enveloppe l'humain de toutes parts.
Des relations qui demandent un accroissement de la parole vraie, du dialogue, au-delà de la réduction à des codes ou des écrans, surtout s'ils sont numériques.
La Bonne Nouvelle (eu-anguélion) à se remettre en mémoire et à pratiquer est le caractère souverain et co-créateur de tous ceux qui se réclament de l'évangile: tous ont, dès leur baptême, les responsabilités de la gouvernance (Roi), de l'intelligence critique et créatrice (Prophète) et de la célébration ou création solidaire (Prêtre/apôtre) comme l'a rappelé Jean Roulin.
La Poétique redevient, dans
cette vision, le lieu-même de l'intelligence
créatrice comme l'illustre bien le texte
saisissant et apocalyptique d'Armel Guerne
sur La Vérité.
Mais si la pensée et l'expression doivent être créatrices (c'est-à-dire à l'image d'un Dieu créateur), elles doivent dépasser une perception réductrice du bien et du mal: l'interdit originel mène à la prise de conscience et ouvre à la révélation selon une analyse fine et psychanalytique de Marie Balmary.
C'est tout l'enjeu d'une connaissance vraie comme nous le révèlent, de façon toujours aussi actuelle, les perles d'expression de Blaise Pascal. Pas d'intelligence sans sagesse, sans esprit de finesse!
Le transhumanisme idéologique et dur pèche probablement par ce manque d'esprit de finesse qui finit par anéantir l'humain. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas tenir compte aujourd'hui d'une hypothèse de disparition, à terme, de la race humaine telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Et, pour ce faire, le chrétien, le croyant en Jésus de Nazareth ressuscité, doit regarder la mort en face. La mort peut être “bonne”. Elle peut être un signe de suprême humanité (le signe de la Croix?). Donner sa vie pour ceux qu'on aime et pour témoigner de sa foi en la résurrection devrait inspirer les pratiques chrétiennes de fin de vie.
Trois témoignages contemporains sur ce sujet de notre finitude et de la façon de lui donner “sens”, permettent de voir que l'approche juive contemporaine présentée par une rabbine (réalité assez nouvelle aussi dans le Judaïsme) montre que nos limites sont universelles et nous mènent au plus grand respect pour l'au-delà!
Mais, tant que l'on n'est pas aux frontières de cet au-delà, il faut continuer à créer l'humain à l'image du Créateur. Cela passe par la crédibilité, la foi, l'authenticité, la vérité dans la réflexion et la communication. Une sur-production médiatique finit par tuer la vraie communication.
C'est d'ailleurs la même chose lorsque l'intelligence artificielle semble vouloir et pouvoir réfléchir et agir à la place de l'humain.
Pour ne pas détraquer ce qui fait la spécificité de l'humain, il est grand temps de moraliser (humaniser?) l'intelligence artificielle, de voir ses grandes lacunes et de mettre en place ses développements futurs conformes à cette spécificité! Ceci va s'appliquer dans tous les domaines de la vie humaine, sociale et environnementale. En commençant par le domaine économique dans lequel l'humain risque d'être enfermé et remis en esclavage par une main-mise des finances mondiales et de leur gestion de moins en moins humaine! Gratuité, proximité, solidarité, créativité sont probablement les remèdes pour contrer l'esclavagisme nouveau.
Où et
comment valider ces visions et propositions?
“Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain
peinent les maçons” (Psaume 126.1).