Février 2021
Quelques perles relevées dans les Pensées de Blaise Pascal (1623-1662) peuvent nous aider à “penser juste”! La Sagesse, reste le socle de l'intelligence!
• Géométrie et finesse – La vraie éloquence
se moque de l'éloquence, la vraie morale se
moque de la morale, c'est-à-dire que la
morale du jugement se moque de la morale de
l'esprit – qui est sans règles.
Car le
jugement est celui à qui appartient le
sentiment, comme les sciences appartiennent
à l'esprit. La finesse est la part du
jugement, la géométrie est celle de
l'esprit.
Se moquer de la philosophie, c'est
vraiment philosopher.
Blaise Pascal,
Pensées, édition Léon Brunschigg, Le Livre
de Poche, Paris, 1972, pp. 4-5
• Le cœur a ses raisons que la raison ne
connaît point; on le sait en mille choses …
Blaise Pascal, Pensées, édition Léon
Brunschigg, Le Livre de Poche, Paris, 1972,
p. 134
• Nous connaissons la
vérité, non seulement par la raison, mais
encore par le coeur; c'est de cette dernière
que nous connaissons les premiers principes,
et c'est en vain que le raisonnement (la
raison) qui n'y a point part, essaye de la
combattre.
Blaise Pascal,
Pensées,
édition Léon Brunschigg, Le Livre de Poche,
Paris, 1972, p. 135
• Je puis bien
concevoir un homme sans mains, pied, tête
(car ce n'est que l'expérience qui nous
apprend que la tête est plus nécessaire que
les pieds). Mais je ne puis concevoir
l'homme sans pensée: ce serait une pierre ou
une brute.
Blaise Pascal,
Pensées,
édition Léon Brunschigg, Le Livre de Poche,
Paris, 1972, p. 160
• La machine
arithmétique fait des effets approchant plus
de la pensée que tout ce que font les
animaux; mais elle ne fait rien qui puisse
faire dire qu'elle a la volonté, comme les
animaux.
Blaise Pascal, Pensées, édition
Léon Brunschigg, Le Livre de Poche, Paris,
1972, p. 160
• La mémoire est
nécessaire pour toutes les opérations de la
raison.
Blaise Pascal,
Pensées, édition
Léon Brunschigg, Le Livre de Poche, Paris,
1972, p. 168
• La grandeur de
l'homme est grande en ce qu'il se connaît
misérable. Un arbre ne se connaît pas
misérable. C'est donc être misérable que de
se connaître misérable; mais c'est être
grand que de connaître qu'on est misérable.
Blaise Pascal, Pensées, édition Léon
Brunschigg, Le Livre de Poche, Paris, 1972,
p. 177
Et, pour
éclairer les fondements d'une telle attitude
de connaissance, on a plaisir à rappeler ce
passage du Livre de la Sagesse (7.1-30,
traduction de la Bible de Maredsous, 2014):
Je ne suis moi-même qu'un mortel comme tous les autres,
et je descends du premier homme formé de la terre.
Mon corps a été façonné dans le sein de ma mère,
où, pendant dix mois, dans le sang, j'ai pris consistance,
de la semence virile et du plaisir voisin du sommeil.
Moi aussi, dès ma naissance, j'ai respiré l'air commun,
je suis tombé , de la même façon que tous , sur la même terre,
et comme tous, dans les mêmes pleurs, j'ai poussé mon premier cri.
J'ai été élevé dans les langes au milieu de soins assidus;
car aucun roi n'a d'autre début dans l'existence:
pour tous l'entrée dans la vie est la même, et le départ semblable.
Aussi ai-je prié, et l'intelligence m'a été donnée,
j'ai supplié et l'esprit de Sagesse est venu à moi.
Je l'ai préférée aux sceptres et aux trônes,
et j'ai tenu la richesse pour rien auprès de la sagesse.
Je ne lui ai pas comparé la pierre précieuse,
parce que tout l'or, auprès d'elle, n'est qu'un peu de sable,
et que l'argent, devant elle, sera compté comme boue.
Je l'ai aimée plus que la santé et la beauté,
j'ai joui d'elle plus que de la lumière,
car la clarté qui en procède ne s'éteint jamais.
Avec elle me sont venus tous les biens,
et dans se mains d'innombrables richesses.
Je m'en suis réjouis parce que la Sagesse en est le guide,
mais j'ignorais qu'elle en fût la mère.
Ce que j'ai loyalement étudié, je le transmets sans envie,
et je ne cache pas la richesse qu'elle renferme;
car elle est pour les hommes un trésor inépuisable
dont les acquéreurs se préparent à devenir amis de Dieu,
recommandé à lui par l'éducation qu'elle leur donne.
Que Dieu m'accorde de parler comme je voudrais,
et d'avoir des pensées dignes des dons que j'ai reçus,
parce que c'est lui-même qui guide la Sagesse
et redresse les sages.
Car nous sommes dans sa main, nous et nos discours,
toute notre intelligence et notre habileté;
c'est lui qui m'a donné la vraie science de toutes choses,
qui m'a fait connaître l'ordonnance du monde et les vertus des éléments,
le commencement, la fin et le milieu des temps,
la succession des solstices et les mutations des saisons,
les cycles de l'année et les positions des astres,
la nature des animaux et les instincts des bêtes,
les pouvoirs des esprits et les pensées des hommes,
les variétés des plantes et les propriétés des racines.
Tout ce qui est caché et tout ce qui est apparent, je le connais:
car c'est la Sagesse, créatrice de toutes choses, qui me l'a enseigné.
Il y a en elle, en effet, un esprit intelligent, saint,
unique, multiple, subtil,
mobile, pénétrant, pur,
clair, inoffensif, porté au bien, aigu,
libre, bienfaisant, bienveillant,
stable, sûr, exempt d'inquiétude,
qui peut tout, qui veille à tout,
qui pénètre tous les esprits,
les intelligents, les purs, les plus subtils.
Plus agile que tout mouvement est la Sagesse,
elle traverse et pénètre tout, grâce à sa pureté.
Elle est un souffle de la puissance de Dieu;
un rayonnement limpide de la gloire du Tout-Puissant,
aussi rien de souillé ne peut s'insinuer en elle.
Elle est un reflet de la lumière éternelle,
un miroir sans tache de l'activité de Dieu,
et une image de sa bonté.
Quoique unique, elle peut tout,
immuable en elle-même, elle renouvelle toutes choses.
Elle se répand de génération en génération dans les âmes saintes;
elle en fait des amis de Dieu et des prophètes.
Car Dieu n'aime que celui qui vit avec la Sagesse!
Elle est, en effet, plus belle que le soleil
et surpasse l'ensemble des astres.
Si on la compare à la lumière du jour, on la trouve supérieure,
car à celle-ci succède à la nuit,
tandis que jamais, sur la Sagesse, le mal ne prévaut.
Elle porte sa vigueur d'une extrémité du monde à l'autre,
et gouverne toutes choses avec bonheur.
Si quelqu'un désire l'étendue de la science,
elle sait le passé et conjecture l'avenir;
elle connaît les subtilités oratoires et résout les énigmes;
elle prévoit les signes et les prodiges,
et l'accomplissement des âges et des temps.
R.-Ferdinand Poswick