Pour une Authentique et Bonne Nouvelle

Novembre 2020

Pour une catéchèse d'authenticité selon Jean Roulin: ne sommes-nous pas tous, dès que baptisés et incorporés au Corps de Jésus ressuscité, Prêtres, Prophètes et Rois? N'est-ce pas cela la Bonne Nouvelle? Celle qui donne à l'humain toute sa responsabilité de co-créateur, visionnaire et artisan de son avenir et de l'avenir de notre petite planète qu'il faut mener à un état glorieux!

Jean Roulin, ancien élève de l'École des Métiers d'Art de Maredsous, devenu moine et prêtre, il a rejoint le monastère fondé en 1958 par Maredsous à Gihindamuyaga (Rwanda). À son retour en Europe, il a été, jusqu'à l'âge de sa pension, curé de Villers-la-Ville en Brabant wallon avant de s'installer à Biesmerée dans la ferme-atelier où son frère jumeau, Félix Roulin continue de développer son importante production artistique.
L'expérience pastorale acquise par Jean Roulin au contact des adultes qu'il a catéchisé au Rwanda, l'a convaincu que le “discours” ecclésial de l'Église catholique (notamment) était devenu, avec le temps, un obstacle pour la transmission (et donc pour la compréhension) du message évangélique de Jésus de Nazareth.
Sa proposition est de concentrer cette transmission – et les façons de vivre et de témoigner qui en découleraient au plan du vécu des gens qui adhéreraient à ce message – sur une prise de conscience du fait que la Bonne Nouvelle apportée par Jésus est qu'en croyant en Lui et en étant incorporé à Lui, le croyant acquiert, - par le fait même de cette adhésion par le baptême et la communion – , les caractères salvateurs apportés par Jésus en sa personne. Cet humain devient Prêtre, Prophète et Roi au sein de la création qui lui est confiée… et avec tous les droits et tous les devoirs liés à ces titres!

Cette parole très personnelle de Jean Roulin ne plaira probablement pas à tout le monde. Il me semble, cependant, que la responsabilisation de celui qui se proclame “autre Christ” de par son baptême et son insertion réfléchie dans la société, peut nous rendre attentifs à ne pas céder à toutes les facilités d'une offre spirituelle cléricalisée!

R.-Ferdinand Poswick

 Jean Roulin, La Bonne Nouvelle? Si vous êtes baptisés dans le Christ Jésus, vous devenez Prêtre, Prophète et Roi.

Au lieu de murmurer avec Jésus, l’ami fidèle que je veux imiter, Lui, toujours à notre écoute, comme les mystiques et les spirituels des siècles passés dont la pensée marque encore la plupart des chrétiens d'aujourd'hui, il y a lieu, aujourd'hui, non plus seulement d'essayer d'imiter Jésus, mais de vivre avec lui et comme lui une relation à Dieu moins servile; moins infantile et plus autonome – plus adulte dirait-on?

Où trouver le modèle de cette nouvelle relation? De cette prise de conscience? Le chercher dans un “retour aux sources”: Où? Cachée depuis les origines dans le rituel chrétien du baptême. Au Rwanda entre 1962 et 1978, j'expliquais aux catéchumènes adultes, parfois très âgés, les signes, les paroles et les étapes du baptême. Ils venaient de vivre en 1962 (année de mon arrivée) l'indépendance. Tous savaient ce qu’est l'esclavage et expérimentaient la libération! Je leur lis les paroles extraordinaires du baptême, “Tu es une créature nouvelle, c'est pourquoi tu revêts ce vêtement blanc (ils adorent), Tu es Prêtre, Prophète et Roi”.  C'est le bonheur, presque l'extase. Ils me regardent avec de grands yeux. Je leur explique à travers leurs moniteurs, car ils ont trop de questions et je ne maîtrise pas la langue lorsqu'ils parlent vite à plusieurs ! Et je ne veux pas non plus court-circuiter les moniteurs, les dévaloriser, mais au contraire les instruire. J'ai inventé des exemples qu'ils comprennent.

Le terme Roi, était le plus facile à expliquer: pas le roi Tutsi bien sûr, (l’année de l’indépendance ils venaient de le déposer!) mais être adulte, autonome, pas esclave de l'alcool, du tabac, du mensonge, de l'envie, de la jalousie, de la paresse, de la lubricité, de la violence, du viol intra-familial ou extra-familial, etc. Ils comprenaient qu'il y avait un travail à faire pour être Roi!

Prêtre, était aussi facile: ils voyaient les prêtres et les moines prier et on leur disait de prier aussi. Ils connaissaient et priaient déjà le Notre Père. J'allais un peu plus loin: ils pourront “bénir“, souhaiter le Bien, et là, j'insérais un petit couplet contre les bapfumu (sorciers puissants, menaçants). La prière leur donnera de la force. Ils peuvent aussi pardonner: non seulement à ceux qui leur ont fait du mal, mais écouter avec bienveillance les confidences de quelqu’un qui “regrette” et prier avec lui ou elle pour reprendre le bon chemin, celui de suivre Jésus!

Enfin ils sont aussi Prophètes! Pas pour prédire l'avenir, mais au contraire devenir des gens qui écoutent beaucoup et parlent peu mais juste : une parole pour la personne qui en a besoin, dite au bon moment et au bon endroit, une parole qui guérit, dénoue, harmonise, change ou ouvre des perspectives nouvelles, pas un bavardage sans fin en buvant, fumant, se repaissant des ragots de la colline. C’est à cause de cette explication du prophétisme que j’aime souligner sa présence aujourd’hui1!

On y trouve, en effet, des paroles mystérieuses pour nos contemporains, mais d’une clarté et d’une force extraordinaire pour les premiers disciples de Jésus. Ils les ont insérées dans le rituel pour qu’elles ne soient jamais oubliées!

En quoi cette “imitation” est un “plus”, et même trois fois plus! Elle ne se contente pas de parler d’imiter Jésus, mais de comprendre et d’accepter que, remplis de l’Esprit Saint2 nous puissions découvrir un comportement triple de prêtre, de prophète et de roi (PPR) : ces trois comportements venant du vocabulaire judéo-chrétien est compréhensible aux lecteurs assidus de la Bible! Pour les autres, ceux pour qui la Bible n’est pas familière, expliquons-le simplement, oublions le vocabulaire judéo-chrétien, soulignons des activités sociales compréhensibles et utiles. Ces trois comportements (PPR) sont le fruit de trois “dons”, en langage judéo-chrétien, des “charismes”. Pour l’homme “normal” qui se dit ou se croit “incroyant”, on peut en parler autrement. Tout humain à sa naissance est équipé pour vivre correctement sa vie. Il est pourvu d’une multitude de dons (charismes), par exemple: le don des langues (tout le monde ne l’a pas au même degré), des chiffres, des couleurs, des saveurs, des mélodies ou des rythmes, etc. Tous ces assemblages de qualités nous permettent d’être créatifs dans différents domaines des arts ou d’autres activités de recherches (plus ou moins scientifiques) ou d’organisations de la société. Les patrimoines génétiques et les traditions familiales expliquent la diversité du genre humain. Ces dons humains sont déjà présents d’une manière plus discrète dans tous les êtres vivants mais culminent dans l’humanité avec un développement immense dans sa dimension abstraite, intellectuelle et spirituelle. Ces dernières dimensions élaborent un langage (déjà élémentaire chez les animaux) de plus en plus raffiné, et trouve sa complexité dans la littérature, inscrite dans la durée grâce à l’écriture, et leur apothéose dans les paroles imprimées d’abord, et maintenant dans les enregistrements des sons et des images!
Examinons les trois dons ou charismes qui viennent de l’histoire juive. Le plus ancien est Melchisédech (un nom qui se traduit: “roi de justice”), roi de Salem (“ roi de paix”), prêtre du Très-Haut, rencontré par Abraham (Genèse 14), il offre au Très Haut le pain et le vin pour le remercier pour la victoire obtenue pour Abraham dans une guerre contre trois ou quatre rois.
Les prêtres sont, chez les juifs, de la lignée d’Aaron. Ils sont souvent attachés à des lieux de culte dont le plus célèbre chez les Juifs sera le Temple de Jérusalem. Leur Grand Prêtre sera “inspiré” comme un prophète et laissera condamner Jésus à mort.
Revenons à Melchisédech. Le prêtre ou la prêtresse est un ou une intermédiaire, un lien entre le ciel (Le Très Haut) et la terre. Pour comprendre que ce lien peut exister et y voir un intérêt il faut imaginer qu’une réalité spéciale se trouve en haut (lieu des nuages, des pluies, des tempêtes, des orages, des éclairs, impressionnants voire inquiétants) et nous, les pieds sur terre! Il faut une intuition, une pensée qui imagine un lien possible, et un intérêt qui y est caché: toute une construction intellectuelle dont les animaux sont dépourvus!
Les prophètes et prophétesses évoluent dans ce même univers qui dépasse le quotidien et l’instant présent pour voir plus loin et autrement. Quant aux Rois ou Reines, ils possèdent un leadership particulier, une force qui fait bouger la société.
C’est la conjugaison de ces trois figures qui a créé la culture judéo-chrétienne et façonné l’histoire sainte racontée dans la Bible tout au long des deux testaments et, ensuite de la culture chrétienne jusqu’aujourd’hui! On peut l’extraire du monde sacré ou religieux et en parler autrement!
Aujourd'hui (50 ans après), je dis la même chose, et je montre qu'il nous arrive d'être prophète plus souvent qu'on ne le croit : savoir écouter, puis attendre et dire une Parole qui débloque d'un coup, ou rouvre une nouvelle perspective. J'aime faire reconnaître par la personne elle-même que dans une situation vécue, elle a été “prophète“. L’inattendu surgit à cause d'une parole, d'un geste, parfois d'un silence alors que l'on craint un vacarme ou une protestation véhémente. Oui, j'ai vu ou vécu cela. Parfois cela porte un autre nom: hasard, coïncidence, mais moi, je préfère être prophète3 et en rencontrer, en reconnaître d'autres autour de nous, aujourd’hui!
La vision de l'Église doit s'adapter à un changement de civilisation, retrouver ses fondamentaux, ceux que Jésus (que je qualifie de prophète, mais il est évidemment plus que cela4) nous a enseignés d'une façon concrète par ses paroles et par ses actes.
Ainsi j’avais passé des années d’études de philosophie et de théologie, et ce sont des catéchumènes qui me faisaient prendre conscience que nous sommes tous prêtres, prophètes et rois: personne ne m’avait dit que je l’étais! Depuis cette révélation, je passe mon temps à dire autour de moi: vous êtes PPR ! C’est donné au départ, c’est une manière de dire la Bonne Nouvelle: il ne s’agit plus d’imiter mais d’exister! Pas imiter un modèle mais être Prêtre, Prophète et Roi, comme Jésus l’était!

Je retrouvais la première organisation de la vie selon Jésus. Avant d’être “Théologie”, elle s’exprimait par la liturgie l’expérience des premiers baptisés. Jésus avait été baptisé par Jean, le geste était connu. Les disciples n’ont pas été baptisés5! La liturgie reprend le même signe annonçant le passage, comme Jésus, passé avant eux, de notre monde à son monde. Qui est le Je6 qui dit “Je te baptise” et dit “au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit7?” et surtout ajoute “Tu es Prêtre, Prophète et Roi”? C’est l'autorité qui vient de Jésus, ou du groupe des apôtres, ou de ceux qui s’en souviennent, ou de tout le groupe lorsqu’il est unanime. Le nouveau baptisé rejoint le groupe des chrétiens qui se savent naturellement Prêtres, Prophètes et Rois (au sens précisé plus haut). Le néophyte prend cela très au sérieux, ce n’est pas “abstrait”, c’est une évidence. Cela peut l’être pour nous aujourd’hui, hors du monde sacré8, dans un langage plus approprié, décléricalisé, mais quel travail!

La communauté chrétienne peut être différente si nous sommes conscients de la présence de ces dons (charismes) en nous: tellement divers. Tous ne feraient pas tous la même chose mais tous seraient capables de faire une chose, bénir, raconter la vie de Jésus, toucher les malades et les guérir, nourrir, vêtir, soutenir, mille choses qu’un seul n’est pas capable de faire, mais les mille le peuvent. Les prêtres désignés (“ordonnés”) ont juste peur de la concurrence! Peur ridicule, comme s’ils allaient perdre leur boulot! Ils perdront leurs “privilèges”, ils voyageront “légers”. Il y a déjà tellement de privilèges dans la société civile, alors si on pouvait nous en préserver, quelle merveille! Et finies les séparations ridicules avec les “laïques” ou les orthodoxes ou les protestants ou autres religions ou les sans religion! Il est temps de réveiller les milliers de prêtres et prêtresses (on peut les appeler autrement, ou qu’ils s’appellent comme ils veulent, pourvu qu’ils comprennent ce qui est virtuellement en eux)9.

Ce qui reste à faire est énorme: confronter cette vision de l’humain, d’inspiration “chrétienne” la plus proche de Jésus, à d’autres manières de penser la vie humaine: incroyants et croyants de toutes religions. Trouver une manière de parler qui leur soit audible, compréhensible et supportable. Ce n’est pas à eux de faire ce travail, c’est à nous à nous rendre accessible. Nous avons été pendant des siècles des donneurs de leçon. Ce temps est terminé.
Mais avant cette confrontation hors chrétienté, il faut redynamiser la vie dans cette chrétienté exsangue, culpabilisante, asexuée, au vocabulaire abstrait, intellectuel, ou, comme l’a dit mon successeur (prêtre polonais) à la tête de la paroisse : “douter, c’est déjà un péché”, alors que, pour moi, douter c’est commencer un travail de recherche, et Jésus a dit “Qui cherche trouve!”
En sortant des catacombes, le peuple chrétien n’a pas toujours été fidèle à l’esprit de Jésus : conversions forcées, imposées, tout ce que nous reprochons aux islamistes aujourd’hui, nous l’avons fait avant eux !
Ce que j’ai enseigné pendant dix-neuf ans à Villers-la-Ville (en Brabant wallon), je suis plus explicite lorsque je peux l’expliquer de vive voix. Par exemple, souvent j’entends des chrétiens grands-parents déplorer que leurs propres enfants, bien formés dans l’univers chrétien, ne fassent pas baptiser leurs enfants! Je leur dis “c’est bien!” Le non baptisé ne manquera de rien! Il fait son chemin, à son rythme, il est aimé de Dieu autant qu’un baptisé! Pas de magie, un travail personnel, qui a droit à notre respect! Si nous en souffrons, nous ne comprenons pas qu’il n’y a jamais eu de privilèges, d’assurances spéciales, de grâces privilégiées obtenues par magie, subitement, sans travail personnel! C’est nous qui devons changer de mentalité10, quitter la vision de notre civilisation bourrée de passe-droits, situation injustes, dont les médias nous inondent quotidiennement au point de nous faire croire que c’est une exploser pour gagner “magiquement” leurs ciels comprenaient qu’il n’y a pas de magie, ils comprendraient leur erreur. Notre fausse manière de comprendre le ciel les a trompés!

Nous vivons un temps de transition majeur, nos parents n’ont pas connu une telle succession de changements accélérés. Cette évolution affectera-t-elle génétiquement la race humaine ? Le règne de l’immédiateté, de l’imagerie (écrans), du bruit, des armes… peut faire des dégâts! Les réseaux sociaux peuvent en faire d’autres, plus difficiles à repérer et à soigner!

Repartir de Jésus, cet homme mystérieux qui dit des choses simples, pose des gestes simples, guéri par la parole et un peu de salive, est éliminé par les prêtres et l’autorité civile de l’époque. Dont la dernière parole est adressée à son Père: “Pourquoi m’as-tu abandonné”. Question restée sans réponse. Ses disciples témoigneront de sa résurrection, ces témoignages traverseront des persécutions violentes jusqu’à la venue de Constantin, empereur. Lequel, en donnant la liberté de culte, enfermera les chrétiens dans la conquête (ou la recherche) du pouvoir! Recherche du pouvoir, donc de l’argent, des premières places, oubliant que Jésus est présent là où se trouve les dernières places, les oubliés sur le bord de la route! Conclusion: impossible de vouloir le pouvoir et en même temps de suivre Jésus!
Le temps de Jésus à Constantin est très court, comparé aux siècles qui suivent. Il a cependant permis une organisation de la société élémentaire, comparé au gigantisme des siècles suivants : hiérarchie et culture (monuments, bibliothèques, universités, royaumes et empires catholiques, byzantins, protestants). L’organisation initiale est héritée des juifs: la trilogie de Prêtre, Prophète et Roi, énoncé très tôt dans le rituel du baptême, et jamais remanié. Pourquoi? Par peur de perdre les statuts extraordinaires de la hiérarchie, se réservant des monopoles et privilèges infinis (prêtres, doyens, évêques, archevêques, cardinaux, papes, prélats de tous ordres)! Et organisation territoriale du monde entier, y compris ambassades partout et apparitions à l’ONU!
Comment retrouver les fondamentaux pour aujourd’hui? Le vocabulaire doit être changé, car un athée convaincu ne supportera pas d’être appelé “prêtre”, tout comme un chrétien convaincu d’avant 1914 ne voulait pas s’appeler “libre penseur”!
Il est urgent de simplifier sérieusement la pensée chrétienne ou plus simplement humaniste? Qu’elle arrête de malmener la raison et le bon sens! Qu’elle ne s’occupe plus de légiférer; les tribunaux le font très bien sans sa morale antiféministe et donc paternaliste. Que les faits miraculeux dans les gestes de Jésus, des saintes et saints des siècles suivants, soient soumis à un examen plus critique, car notre siècle rationnel et scientifique est plus exigeant et moins crédule. Les miracles n’aident plus pour croire, ils risquent d'avoir un effet contraire. Ne ratons pas l'occasion donnée par les changements profonds qui s’annoncent dans notre société.

Deux domaines connexes sont à repenser sans a priori: 1° L’univers de la faute (péché originel) et 2° la vision nouvelle de la sexualité humaine. Le malheur est de lier les deux alors qu’ils sont dans des problématiques différentes: l’univers de la faute explore la morale et la sociologie tandis que la sexualité humaine explore la biologie et la psychologie éclairées par la théorie de l’évolution! Prendre l’avis sur ces sujets chez des seniors célibataires ne fera pas progresser.

1° Pour le péché originel, l’histoire de la pomme, de la femme tentatrice est un récit enfantin, comme Saint Nicolas ou le père Noël, à l’avantage de l’homme, ce gros lourdaud. Le premier couple est préadolescent et peut tâtonner sans culpabilité, d’autant plus que la Bible dira ailleurs que le péché des parents ne peut pas être attribué à leurs descendants! La pensée juive n’en tire pas les conséquences extravagantes des théologiens catholiques depuis Saint Paul, relayé par Saint Augustin, (deux grandes carrures qui ont marqué la pensée chrétienne), deux angoissés peu bienveillants pour les femmes.

2° La sexualité de l’homme de Neandertal devait assurer sa descendance, celui d’aujourd’hui doit au contraire réguler cette descendance trop abondante et donc inventer une manière élégante d’exercer la sexualité sans l’urgence et la précipitation des débuts de l’humanité ! L’exercice de la sexualité peut explorer d’autres activités: les domaines des arts, des couples homosexuels, avec des transitions immenses à explorer, puisque l’urgence n’est plus là. Cela doit s’accompagner d’une permission morale différente. Selon ces nouveaux points de vue, la morale chrétienne manque cruellement d’ambition et de créativité. Voici venu le temps de dépasser allègrement la morale culpabilisante, patriarcale, antiféministe et mortifère, qui a régné dès l’Ancien Testament avec comme entrée l’épopée de Sodome et Gomorrhe, laquelle n’a jamais été remise en question et a pesé lourdement sur toutes les victimes d’une tendance homosexuelle non voulue mais subie et souvent mal comprise. C’est un immense chantier qui s’est heureusement ouvert hors chrétienté et peut éclairer les communautés chrétiennes souvent trop timides.

L’intensification des recherches scientifiques stimulées par la globalisation des échanges facilités par Internet, produira des résultats extraordinaires. Il nous faudra du temps pour deviner où cela nous conduira! L'Intelligence Artificielle (IA) prendra une place énorme avant le milieu de ce siècle, comme les moteurs, l’électricité, les médias, ont façonné les siècles précédents!
Les obstacles au changement restent énormes car les hiérarchies sont majestueuses, offrent des situations confortables, respectées, et solidement bétonnées! Le noyau dur est la prêtrise: pour y accéder, c’est tout le contraire de ce qui est énoncé au cours du baptême, lorsqu’on déclare simplement “tu es prêtre”, parole d’institution ou de reconnaissance du fait déjà présent! Il faut être choisi, ensuite préparé, instruit, ajusté à la tâche, jusqu’aux moindres détails. La cérémonie d’ordination est complexe, longue, minutieuse, car elle prépare à un travail hors du commun, célébrer la messe, consacrer le pain et le vin, la mise en scène fait tout pour nous transporter dans un monde différent, sacré, ce que Jésus n’a jamais voulu!
Quand les prêtres “ordonnés” reconnaîtrons que les plus humbles de leurs paroissiens et paroissiennes sont aussi prêtres ou prêtresses qu’eux, puisque tout est “donné”, la communauté chrétienne sera remise sur pied, en marche, rendant présent le royaume annoncé!
On sera alors très loin de la première “imitation de Jésus Christ” puisque, par l’esprit, nous serons toutes et tous Jésus, présent par son Esprit, pour former un seul corps! C’est ce que proclamait déjà Saint Paul, relu le dimanche de Pentecôte (1 Co 12, 3-13) et chantant la belle séquence “Viens, Esprit Saint, en nos cœurs”!

L’autre imitation, trois fois “P” (PPR), c’est quoi?

Comme Prêtre, je dis Bonjour et c’est une bénédiction. Je redis volontiers des paroles de Jésus que les situations présentes me suggèrent!

Comme Prophète, j’indique le Bon chemin, l’assurance d’une route sûre, parfois secrète, voir plus loin dans l’avenir et dans le passé!

Comme Roi, je suis juste, autonome, ni parasite ni envieux, j’ai trouvé ma place et je respecte celles des autres.

Chaque jour demandez-vous: comment ai-je été PPR, par quelle action, quelle parole ou quel silence? Ai-je aidé, consolé, partagé?

Prenez bien soin de vous et des vôtres.

Notes
1. Quand des bénévoles accueillent rapidement migrants climatiques, économiques ou politiques, ils posent des actes prophétiques parce qu’ils voient plus loin ce que les autres comprendront plus tard ou trop tard! 2. Nous pouvons transposer: chacune et chacun de nous est un enfant doué ou, parfois enfant HP = haut potentiel! 3. Enrichi par toute l’histoire des prophètes juifs et les penseurs dans d’autres milieux où le temps libéré (otium = loisir studieux) permet la réflexion ou la méditation! 4. Plus que cela ? Oui et non. Oui par l’équilibre rare des trois qualités dont nous sommes en train de parler, non parce vraiment “humain” comme vous et moi. Jésus ne triche pas! Nous avons donc en nous ce qu’il faut pour guérir, consoler, ouvrir de nouvelles perspectives, ce que nos découvertes récentes dans l’infiniment grand et l’infiniment petit nous montre. 5. Ce qu’ils ont vécu avec Jésus leur tient lieu de baptême. Pour les suivants, comment leur faire vivre ce passage? Ils créent les gestes et donnent le sens par les paroles que la liturgie nous a transmis. 6. Relire Martin Buber “Je et tu” et le Personnalisme d’Emmanuel Mounnier, et bien avant cela, les livres d’Antoine de Saint-Exupéry et son (notre) Petit Prince. 7. Les premiers baptêmes racontés dans les Actes des Apôtres: on plonge pour suivre Jésus. 8. Il n’y a qu’un sacerdoce, prise de conscience de l’existence d’un monde plus complexe que les personnes qui nous entourent: la prière du Notre Père évoque l’existence de cet autre monde. Le prêtre est celui qui relie les deux mondes, si bien que la prière du Notre Père est une prière “sacerdotale” par excellence! Les deux premiers siècles chrétiens n’avaient qu’une sorte de prêtres ! Ensuite, un sacerdoce “consacré” au culte a été institué qui se spécialise et est “ordonné” par un rituel. 9. Mais persuader un homme ou une femme qu’il ou elle sont aussi prêtre que moi, ou que le pape François, n’est pas facile! De même qu’un non baptisé! Le baptême n’apporterait RIEN? Comme la semence qui tombe en terre a en elle tout ce qu’il faut pour grandir, se multiplier, l’humain en naissant à toutes les virtualités qui vont se développer! La liturgie dit explicitement “tu es…” - qu’il faut comprendre comme “tu es (déjà)” ou “devient ce que tu es”! Ou encore “reconnaît (enfin) ce que tu es (déjà)”! Mais le clergé veut être plus! Il veut être le magicien, celui par qui le prodige est possible! Il veut être le canal “sacré”, le contraire de quelconque, ordinaire… l’intermédiaire unique et nécessaire entre le Ciel et la Terre! La Bonne Nouvelle est accaparée par une caste? 10. Et donc repenser la notion de “propriété”, héritage, droit du sol et sous-sol, qui introduit des divisions énormes entre les immensément riches et les scandaleusement pauvres! Situations qui créent entre les personnes, les régions, les peuples, un nouvel esclavage.

Jean Roulin