Accueil ● Dossiers/Conférences
Incarnation et Résurrection de la Parole
Causerie du Fr. R.-Ferdinand Poswick, o.s.b., pour les amis de la Maison de la Bible à Rixensart, le 21 septembre 2014
1. Mon Credo
2. Comment connaissons-nous ce Dieu philanthrope?
3. Hominisation et humanisation
On peut discuter de visions amples de l'évolution de l'humanité à travers les siècles et les millénaires, tout comme on peut, dans certains cas, tenir des thèse dites “créationnistes” selon lesquelles, le Dieu auquel croient les Juifs et les Chrétiens a bien créé l'homme il y a seulement quelques 5.000 ans (5.774 selon les calculs juifs) d'un coup de baguette.
Mais aujourd'hui il est difficile d'encore douter que l'apparition de l'humain sur notre planète a été un long cheminement à travers des milliers d'années. Ceci ne doit pas étonner celui qui croit au Dieu philanthrope et créateur. Il est le créateur du temps autant que de l'espace. Et nous savons aujourd'hui que l'espace de la création qu'il fait connaître et qu'il confie à l'humain se compte en milliards d'années-lumière.
Ce Dieu fait donc croître sa création, il la structure patiemment et longuement avec une précision qui étonne les scientifiques. Ainsi en est-il de l'hominisation.
À partir du monde biologique, la vie s'est structurée et complexifiée pour devenir animale. Et c'est au sein de cette masse biologique (encore en évolution aujourd'hui) que va apparaître une créature éminemment complexe: l'humain, un mammifère qui va se dresser (sa position debout est caractéristique, elle préfigure l'être “debout” que sera le ressuscité).
Ce passage du biologique à l'humain est appelé par le P. Teilhard de Chardin la “biosphère”. C'est le plasma dans lequel s'est développé et structuré cet ensemble qui va bientôt tendre vers un autre état que le même savant va nommer la “noosphère”. Deux états de la création: l'un dominé par la matière, le second dominé par une structuration à partir de vivants capables de connaissance (nous, noos en grec) et de conscience.
D'autres chercheurs ont tenté de définir des étapes de cette hominisation: la première serait celle de l'homo faber. L'utilisation d'un outil semble être un premier pas comme signe de la transition de l'animalité à une forme d'hominidé. Et, cette ressource, les humains l'ont pleinement développée. Une maîtrise physique sur leur environnement est de plus en plus réelle depuis les premiers hommes connus qui se sont dressés en Afrique centrale il y a 3 à 5 millions d'années.
La seconde étape, qui se greffe sur la précédente, serait celle de l'homo sapiens. Celui-là commence à réfléchir; il enterre ses défunts avec un rituel; il dessine; il s'exprime et tente de conserver la mémoire; il invente le pictogramme et le calcul; il va passer, enfin, à l'écriture alphabétique qui va lui permettre un nouveau degré d'abstraction (l'image est mémorisée en relation avec une chaîne de caractères représentants la prononciation du mot correspondant à cette image); il va pouvoir exprimer l'existence d'un Dieu unique et se lancer dans l'exploration scientifique de son environnement; cela le mènera, très récemment, à inventer, puis à généraliser l'écriture électronique.
Cette seconde étape constitue à proprement parler l'humanisation. Une humanisation qui se poursuit à travers les siècles et continue de se développer.
N'arrive-t-elle pas, aujourd'hui, à l'époque de la globalisation planétaire et de la communication tout électronique, à une nouvelle étape, celle d'une mise en commun de facultés mentales de l'homme?
Et quelle serait la finalité d'une telle mise en commun si elle correspond à un “plan” de Dieu, une “économie” divine? Cela ne pourrait-il être, tant une nouvelle façon d'appréhender et d'exprimer Dieu et notre relation au divin, qu'une nouvelle façon de se comporter en humanité interdépendante en train de s'unifier pour former un “corps”?
Je voudrais donner un nom à cette nouvelle étape de l'humanisation. Il me semble qu'au moment où l'humain est en pleine possession des moyens physiques sur la création qui l'entoure (homo faber); où il est également en pleine possession des moyens intellectuels qui lui permettent de maîtriser ce monde, son développement, voire même sa propre humanité (homo sapiens); il devient consciemment capable de réaliser l'objectif pour lequel il semble, d'après la révélation biblique, avoir été créé: devenir responsable de la création, et, une fois uni au Christ, de devenir avec lui co-créateur du Dieu unique.
Nous pourrions donc appeler cette nouvelle phase de l'humanisation, celle de l'homo creativus ou homo creationis: l'homme créateur, l'homme de la création!
4. L'écriture alphabétique, vecteur de la révélation, mène à
l'incarnation du Verbe
5. L'écriture numérique, signe d'une mutation
6. Vers une humanité transformée, un processus de résurrection
est-il en cours?
7. En guise de conclusion