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Incarnation et Résurrection de la Parole
Causerie du Fr. R.-Ferdinand Poswick, o.s.b., pour les amis de la Maison de la Bible à Rixensart, le 21 septembre 2014
1. Mon Credo
Je crois en un Dieu philanthrope: il aime
l'humanité.
Il a créé l'humain à son image, c'est-à-dire comme un être en
relation, en “ re-ligion ”.
Il s'exprime, il parle et sa Parole s'est faite humanité en Jésus de
Nazareth.
Cette humanité a été ressuscitée le surlendemain de son décès en
croix.
Ressuscitée, cette humanité de Jésus, tire désormais toute humanité
vers la vie divine.
Toute la création est appelée à participer à l'édification de ce
“ corps ” divin.
Petit commentaire à ce Credo:
a) Dieu est caractérisé par son amour: tout ce qu'il fait est bon, et même “ très bon ” (cf. Genèse 1.10,12,18,21,25,31).
b) C'est donc par amour qu'il a créé et sa création de l'humanité est, au départ, un projet “amoureux” dont celui que nous apprendrons à appeler le Fils est l'artisan dès le départ (cf . Colossiens 1.16; Hébreux 1.2).
c) Tout ce que nous avons appris de ce Dieu à travers les traditions judéo-chrétiennes (et donc à travers des générations d'auditeurs de la Parole) nous dit que ce Dieu cherche à entrer en dialogue, en relation et même en “alliance” avec cette création. Il a créé un être dialogual, un être qui n'existe qu'en relation. Et là il faut souligner une grave lacune de nos philosophes occidentaux aussi nombreux qu'ils soient et surtout depuis Descartes: l'homme, la femme, ne sont pensés que comme des unités individuelles, la personne étant avant tout un individu, un isolé. C'est une faiblesse que des philosophes d'extrême-orient ont bien perçue. La vérité, est que nous sommes immergés dans le relationnel: impossible de naître sans être le fruit d'une rencontre entre deux êtres aimants… (d'où toutes les questions qu'on peut légitimement se poser sur les naissances artificielles, par insémination, etc…), sans être en relation étroite, et déchirante, avec une mère, sans ne pouvoir se développer qu'en interaction avec d'autres (et plus précisément par le développement de la “parole”). La seule chose que l'on semble faire réellement seul, c'est la mort; c'est-à-dire le moment où s'interrompt précisément la relation (s'interrompt-elle réellement?).
d) Ce Dieu auquel je crois, parle. C'est même cela que je crois d'abord: il a parlé, on a rapporté ses propos. Il dit, et cela existe (cf. Genèse 1; Psaume 32.6; 101.26; 135.5). “Il a parlé par les prophètes…” (Voir aussi le début de la Lettre aux Hébreux).
e) Il s'est donc exprimé à travers une humanité bien précise à une époque bien précise de l'histoire du monde et de l'humanité: Jésus de Nazareth (un village de Galilée en terre de Canaan, en Palestine), un contemporain du philosophe Sénèque qui, à Rome, sera le tuteur du futur empereur Néron. Jésus, un homme qui a parlé de Dieu comme de son Père. Et, ce faisant, a attiré sur lui le courroux des dépositaires de la Parole du Dieu créateur, du Dieu de l'Alliance.
f) Cet homme sera donc mis à mort par le supplice de la croix. Mais il est ressuscité le surlendemain. C'est évidemment le message le plus étonnant et le plus contraire à notre raison rai sonnante. Sauf si nous voyons, comme Paul, qu'il s'agit de la suite logique du “plan” de création du Dieu philanthrope: ce Dieu qui aime l'humanité, sait dès la création qu'il va amener cette humanité qu'il crée à partager sa divinité. L'humanité, à partir de la mort de Jésus, commence à participer à la résurrection: l'homme va croître en humanité pour devenir divin. C'est la vision bien connue des théologiens des Églises d'Orient qui parlent de la “divinisation” de l'homme.
g) Et cette divinisation doit entraîner celle de toute la création structurée en un grand Corps aux dimensions du Christ cosmique, univers (cf. S. Paul: “la largeur, la hauteur, la profondeur…” Ephésiens 3.18).
2. Comment connaissons-nous ce Dieu philanthrope?
3. Hominisation et humanisation
4. L'écriture alphabétique, vecteur de la révélation, mène à
l'incarnation du Verbe
5. L'écriture numérique, signe d'une mutation
6. Vers une humanité transformée, un processus de résurrection
est-il en cours?
7. En guise de conclusion