L'enfer numérique? Enfer financier?
Février 2022
Ces deux points d'interrogation me viennent de la lecture parallèle de deux livres interpellants: Guillaume Pitron, L'Enfer numérique, LLL, sept. 2021 et Pierre-Noël Giraud, Le Commerce des Promesses. Petit traité sur la finance moderne, Seuil, 2001 et 2009. Je compte en donner des comptes rendus plus étendus dans de prochaines livraisons. Mais dans ce Billet, je voudrais souligner la convergence que je décèle à ces deux lectures et qui fait froid dans le dos!
D'un côté est dénoncé, sous forme d'un journalisme d'investigation très consciencieux, l'énorme impact de la numérisation sur notre planète et sur notre “humanité”. Une course en avant vers une destruction planétaire dont les promoteurs font croire que c'est vraiment l'avenir de l'humanité sur base d'une géopolitique agressive et mondiale (avec, aujourd'hui, la Chine et les États-Unis en vedette)!
De l'autre, le descriptif, également très bien documenté, du fonctionnement de la finance moderne depuis les décisions de 1971 qui ont décroché les monnaies de l'étalon-or et autorisé le flottement des monnaies. Un phénomène qui accentue les inégalités en permettant aux investisseurs (qui deviennent de plus en plus “professionnels” - comme les Fonds de Pension - et se retrouvent également dans les finances et pratiques des grandes entreprises multinationales) de dicter de plus en plus les axes de développement de produits (aujourd'hui, et encore pour longtemps, liés aux accords qui lient le dollar américain au pétrole du moyen-orient et de l'OPEP)! Avec une autorité très réduite des États (et donc de la démocratie) sur ces évolutions par rapport au marché financier mondial!
Ces analyses rejoignent celles de Nicolas Teterel (INTERFACE_2020, Novembre 2021) et en confirment de nombreux points.
Elles obligent à une attitude critique. Celle-ci doit cependant prendre le meilleur de l'esprit des observations d'un Pierre Teilhard de Chardin en s'imposant l'exigence de l'effort, conçu comme cette volonté de ne pas s'arrêter aux aspects négatifs des évolutions, mais de voir, ce qui, en elles, cadre avec les grandes lignes de toute évolution!
Pas de catastrophisme donc, mais une exigence critique… et, probablement, quelques souffrances acceptées comme des “douleurs d'enfantement” (Paul de Tarse aux Romains, 8,22).