Appeler tous les “penseurs” à la rescousse du “religieux”
Septembre 2024
C’est ce que tentent le best-seller de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies… ou encore le petit livre de Bernard Pottier. Démarche intéressante dans son principe. Mais ne risque-t-elle pas de diluer le message proprement “spirituel”? Sauver l’humain d’une nouvelle bestialisation à cause des effets des Intelligences Artificielles grâce à une promotion de la “sagesse” intellectuelle est-il la voie royale de l’avenir? Le “spirituel” n’aurait-il pas des vertus que l’intelligence humaine ne possède pas? Il faut y réfléchir.
Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, Dieu, La Science, Les Preuves. L’aube d’une révolution. Préface de Robert W. Wilson, Prix Nobel de Physique, Éditions Guy Trédaniel, Paris, Nouvelle édition augmentée, 608 pages, 2023 (janvier 2024), ISBN 978-2-266-33932-2
Cet ensemble a pour ambition de donner des “preuves” de l’existence d’un Dieu créateur, preuves aujourd’hui irréfutables au sens “scientifique” d’une “preuve”!
Pour cela les Auteurs interrogent tous les domaines explorés par la science et en tirent des conclusions “irréfutables” sur l’existence de Dieu.
Ils ajoutent des preuves hors des domaines considérés comme proprement “scientifiques”: erreurs réfutables de la Bible, erreurs réfutables autour de la personne historique de Jésus de Nazareth, preuves par le “miracle” solaire apparu à une foule à Fatima, preuves philosophiques.
L’ensemble est
complété, pour montrer le sérieux de la recherche, par trois tables très
intéressantes et utiles:
1. Repères chronologiques des sciences;
2. Repères
des ordres de grandeur en physique;
3. Repères des ordres de grandeur en
biologie.
Il faut savoir que cette ressource existe. Elle peut servir dans une volonté de “propagande” pour la Foi au Dieu d’Israël et des Chrétiens.
Les Auteurs veulent confirmer ce qu’ils considèrent comme le “crépuscule de la tendance matérialiste qui semblait irrésistible” et que l’on voit s’écrouler dans la fin du 20e siècle: fin d’une vision mécaniste de l’univers au profit d’une vision d’un univers quantique et indéterminé, effondrement du rêve sociologique et soviétique marxiste, largement tassement de la psychanalyse et de sa vision d’une société permissive!
Pas sûr qu’il s’agisse d’une façon d’aborder la Foi au Dieu de Jésus-Christ qui soit adaptée aux contextes que nous décrivent les veilles Technologiques et Culturelles!
Bernard Pottier, 15 portraits philosophiques du Christ : Pascal, Spinoza, Rousseau, Kant, Lessing, Hegel, Newman, Kierkegaard, Dostoïevski, Nietzsche, Soloviev, Bergson, Blondel, Weil, Teilhard de Chardin, Préface de Denis Moreau, Éditions Jésuites, Paris, 2024 (juin), 236 pages, ISBN 978-2-494374-27-0
Le titre de cet ouvrage aurait été plus exact s’il avait été formulé: 16 esquisses (il manque désespérément Albert Einstein, tant dans le titre que dans l’Annexe et le Tableau final alors qu’on en parle (en pp. 37-39) de confrontation d’une réflexion philosophique avec la religion!
Les 16 personnages interrogés ne sont pas tous philosophes, même s’ils ont pu, dans leurs écrits, exprimés des idées sur la place respective d’une réflexion de type philosophique par rapport à la religion (ici “chrétienne”, voir même plutôt “catholique”).
Comme l’Auteur le reconnaît dans sa Conclusion (p. 217): “Nos portraits philosophiques ont largement puisé dans cette somme encyclopédique” (Il s’agit de l’ouvrage Philosophie moderne et christianisme de Emilio Britto, s.j., 2010).
Il semble en effet qu’il s’agisse de notes de lectures de Bernard Pottier ici rassemblées et publiées. En tête de chaque descriptif on trouve un dessin de la tête de l’Auteur présenté (sauf pour Albert Einstein), ainsi qu’un résumé biographique bien fait et très utile pour situer les réflexions de l’Auteur présenté. Et, s’il ne sont pas tous “philosophes” au sens technique et habituel du mot, c’est leur réflexion explicite sur les relations entre la réflexion philosophique et la religion (“chrétienne”) qui est ici présentée pour en dégager, en conclusion, quelques attitudes qui vont du rejet de l’une par l’autre, ou bien de l’ouverture de l’une à l’autre!
Utile “aide-memoire”, assez pédagogique, dans lequel on est étonné que ne soit pas repris quelqu’un comme Sigmund Freud, par exemple.
Mais on ne voit pas un portrait du Christ dans tout cela!