Image: fascination, idole ou vrai support de communication? 

Août 2024

Jésus, Récit graphique   Jésus, Récit graphique

Avec “la première vie de Jésus illustrée par l’intelligence artificielle” telle que proposée par Fayard-Graffik en septembre-octobre 2023, sur base du Jésus écrit pas Jean-Christian Petitfils (Paris, Fayard 2011), nous découvrons une nouvelle façon de présenter Jésus de Nazareth, tel qu’à pu l’imaginer Vincent Ravalec… et tel qu’on le vend à proximité des mangas! 

Jean-Christian Petitfils et Vincent Ravalec, Jésus, Récit graphique mis en page et illustré par Vincent Ravalec, Fayard-Graffik, septembre-octobre 2023, 320 pages, ISBN 979-10-307-2631-1 

Voici comment l’illustrateur justifie sa démarche

Un mot maintenant sur les outils qui nous ont permis cette réalisation. Certains sont nouveaux, et à l’heure où paraîtra la première éditons de ce livre, ils font débat. L’intelligence artificielle au service de l’image pose de nombreuses questions. Se servir d’un tel outil n’oblitère-t-il pas d’une ombre un peu suspecte le “geste artistique”? J’avoue que la première fois qu’après avoir rédigé un “prompt” j’ai vu en quelques secondes une image stupéfiante apparaître sur l’écran de mon ordinateur, un léger vertige m’a envahi.Pas tellement à cause de la prouesse; travaillant dans le cinéma, je suis familier des magies technologiques, mais parce qu’elle remettait en question ce que je pensais être une de nos singularités: la création maîtrisée. Mais, je dois aussi l’avouer, ce vertige n’a pas duré. J’y ai vu très vite un nouveau moyen incroyable pour déployer créativité et originalité. Car, qui s’est confronté à ces logiciels s’est vite rendu compte que, sans des partis pris et des intentions fortes, on obtenait certes de beaux dessins, mais qui tournaient vite en rond dans un résultat assez convenu. Sans l’homme derrière elle, la machine n’est pas un artiste. (pp. 4-5)

On ne va pas analyser ici la présentation de la “saga” de Jésus de Nazareth telle que l’a présentée Jean-Christian Petitfils. Elle a été saluée, et critiquée, par des exégètes tant progressistes que traditionalistes. Elle affronte de façon “historiciste” l’ensemble de la documentation qui, au minimum, permet d’affirmer que ceux qui nient l’existence de ce Jésus de Nazareth sont complètement dans l’erreur.

Quant au dessin, disons qu’il semble emprunter beaucoup à la technique photographique et qu’elle abuse peut-être un peu des “gros plans” ainsi que d’une mise en valeur parfois trop réaliste (au sens “photographique” de la chose) des personnages.

Le dialogue de Jésus et de Pilate tel que présenté en page 228 a presque un zest “cinématographique”!

Jésus, Récit graphique  

On est frappé aussi par la mise en évidence des “regards” et l’on croit voir là une des aides d’un dessin assisté par un robot! Mais ces regards ne sont-ils pas un peu trop violents?

Mais comme le dit le dessinateur dans son introduction

Les gravures de Gustave doré, les eaux-fortes de Rembrandt, les esquisses de Léonard de Vinci sont des références qui nous ont inspirés, comme elles ont inspiré de nombreux peintres venus après eux. C’est, me semble-t-il le jeu incessant de la création. […] nous ne faisons que marcher dans les traces d’une histoire qui s’est sans cesse renouvelée. Car qui a permis l’immense diffusion de la Bible, si ce n’est Gutenberg et sa diabolique invention? (p. 5)