Garder vive la présence de l'Esprit

Février 2023

…et pour ce faire, réfléchir et provoquer la réflexion sur la place de l'Esprit (ou “esprit”) dans la pensée et la culture des sociétés telles qu'elles vont se développer au cours du 21ième siècle, un siècle techno-scientifique, “dé-genré”, multiculturel et planétaire.
Quel humanisme pour demain? Grâce à quelle(s) spiritualité(s)?

Le Vendredi 27 Janvier 2023 s'est tenue à l'Université de Namur la première partie du double Colloque sur La spiritualité au 21e siècle. Un Colloque organisé à l'initiative de la Postulation de la Cause de béatification du Bienheureux Dom Columba Marmion (3e Abbé de Maredsous, 1858-1923).

Les organisateurs étaient, à l'Université de Namur, la Chaire Notre-Dame de la Paix représentée par le Professeur Dominique Lambert, et, pour l'abbaye bénédictine de Maredsous, le Frère R.-Ferdinand Poswick, osb, Vice-postulateur de la Cause Marmion.

Plus de 170 participants ont répondu à l'appel et sont venus écouter les 11 contributeurs de la journée qui se poursuivra le 20 Mars 2023 à l'abbaye de Maredsous avec 10 autres contributions centrées plus directement sur la personnalité et la spiritualité du Bienheureux Marmion dont on célèbre le Centenaire du décès le 30 Janvier 2023.

Le colloque était structuré en quatre sessions: la spiritualité dans la tradition abrahamique et les religions orientales; la spiritualité dans son passé génétique et dans son futur anthropologique; la spiritualité dans la culture techno-scientifique; la spiritualité qui se dégage de la personne et des œuvres de Pierre Teilhard de Chardin.

La Rectrice de l'Université de Namur, Mme Annick Castiaux, ouvre le colloque en rappelant l'importance d'une transmission spirituelle dans cette université créée par les Pères Jésuites, surtout dans une structure désormais gérées par des laïcs.

Le P. Abbé de l'abbaye de Maredsous, Dom Bernard Lorent, rappellera ensuite que l'occasion de ce double Colloque est l'anniversaire du décès du Bienheureux Columba Marmion, béatifié par le saint Pape Jean-Paul II, le 3 septembre 2000. Un Bienheureux dont la spiritualité a marqué de façon importante les générations “engagées” de l'Église catholique entre la fin de la guerre 14-18 et le Concile Vatican II, 1962-65, (dont la plus grande majorité des membres avaient lu des œuvres de Marmion lors de leur formation).

C'est le Professeur Nicolas Monseu qui introduit la Session sur la Diversité des courants spirituels. Une Session marquée par le témoignage fort des racines abrahamiques des spiritualités qui ont engendré le monde “occidental” à travers la présentation, d'abord, du Grand Rabbin de Belgique Albert Guigui. Il souligne l'ouverture de ces traditions dont l'essentiel se trouve dans le respect mutuel et l'amour entre les personnes tels que le Créateur en a confié la responsabilité à l'humain! Le Cheikh Khaleb Bentounès confirmera ce socle de fraternité universelle que prône l'Islam spirituel au cœur des traditions révélées. Une Foi que le Christianisme (représenté par la Professeure Françoise Mies de l'Université de Namur) a déployé en faisant de l'amour du prochain et de la charité le signe et le moteur de l'Esprit qui anime le témoin du Dieu de Jésus, le Christ. Enfin, le P. Jacques Scheuer, s.j., apporte une large évaluation des apports possibles à la vie spirituelle planétaire des traditions “orientales” (méditation, bouddhisme, hindouisme, spiritualités chinoises et japonaises).

Une seconde Session consacrée à de Nouveaux regards sur la spiritualité est introduite par la Professeure Laura Rizzerio de l'Université de Namur. Marie d'Udekem-Gevers (ancienne Professeure d'histoire de l'informatique à l'Université de Namur) partage ses récentes lectures de biologiste sur les racines génétiques et épigénétiques qui seraient à l'origine de la religiosité chez l'humain et dont on peut trouver des traces dans le groupe des hominidés où l'humain voisine toujours avec le chimpanzé. Quant à l'avenir anthropologique de l'humanité, il ne faut pas hésiter, selon Anne-Marie Pelletier (exégète et anthropologue aux Universités parisiennes), à le chercher dans certaines composantes de l'être et de la pensée féminines assez largement négligées par une pensée occidentale (…et abrahamique) probablement trop dominées par une démarche intellectuelle et culturelle masculine et rationnelle.

La troisième Session confrontait Spiritualités et culture techno-scientifique. Elle était introduite par Réginald-Ferdinand Poswick, osb, vice-Postulateur de la Cause du Bienheureux Marmion et pionnier de l'application de l'informatique à la Bible et au domaine textuel.
Pierre Giorgini (ancien Président-Recteur de l'Université Catholique de Lille et écrivain prolifique sur différents aspects de la révolution culturelle numérique) tentera de tracer quelques pistes de réflexion sur le rôle du “spirituel” dans un univers de réflexion commandé par la rationalité numérique.
Quant à Jacques Printz (ancien professeur de logique informatique au CNAM – Centre National des Arts et Métiers à Paris), il montrera la complexité des systèmes numériques avec leurs aspects positifs pour une meilleure appréhension du réel, mais également pour mieux saisir le spécifique humain qui se trouve encore “au-delà”!

Un jeune Jésuite mathématicien, Williams Dhelonga, introduit la quatrième Session sur Teilhard de Chardin et le spirituel: l'avenir?
La petite-nièce de Pierre Teilhard, Marie Bayon de la Tour, a pu apporter quelques perles tirées des Archives familiales et scientifiques du P. Teilhard. Elles mettent en évidence le cœur de sa vision sur les racines et l'avenir spirituel de l'humanité planétisée au niveau de la noosphère.
François Euvé, s.j., du Centre Sèvres (Paris), directeur de la revue Études et spécialiste de Teilhard de Chardin, a montré la richesse spirituelle du premier écrit “publié” de Teilhard: Le Milieu divin.
Tandis que le Professeur Dominique Lambert, éditeur du principal ouvrage de Pierre Teilhard, Le Phénomène humain, a tenté d'indiquer l'orientation spirituelle du P. Teilhard pour qui tout effort humain, et notamment l'effort techno-scientifique, est celui-là même qui aide l'humanité à mener la planète Terre et le Cosmos vers son achèvement personnalisé dans le Christ cosmique.

À travers questions et réponses en fin de chaque Session, quelques points ont pu être précisés par les contributeurs dont on pourra lire à tête reposée leur apport important dans la publication qui sera faite après la célébration de la seconde partie de ce Colloque, le 20 Mars 2023 à l'abbaye de Maredsous, avec un regard plus précis sur les apports du Bienheureux Columba Marmion à la spiritualité du 20e et du 21e siècles!