Le corps, ma spiritualité!

Octobre 2022

Face à un monde technologisé-numérisé qui exploite intensivement les ressources minières (fossiles et limitées) de notre planète au détriment des besoins vitaux (vie biologique, vie animale, vie humaine), il est urgent et primordial de se rappeler (et de rappeler) qu’avant d’être une “intelligence”, l’humain est un “corps” vivant! Réalité élémentaire que l’on trouve au cœur d’une démarche de foi pour le “chrétien”, celui qui croit en un Dieu qui a “pris corps” dans une descendance humaine: Jésus de Nazareth!

Le Numéro Spécial de l’hebdomadaire protestant Réforme (3958, 4 août 2022) a été consacré à ce sujet sous le titre Le corps, cet autre moi.

Quelle perception du corps auraient les jeunes d’aujourd’hui? (pp. 2-3); le “corps libre” en Allemagne et ailleurs au début du 20e siècle; pp. 6-7); les rêves du transhumanisme: un humain sans corps (pp. 8-9); soigner les corps (pp. 10-11); le corps et l’art (pp. 12-13); le tatouage (p. 14); la résilience par le sport (p. 16).

La pandémie au Covid-19 a révélé brutalement la fragilité corporelle humaine sur toute la planète. Mais la façon de vivre “son corps” est très diversifiée sociologiquement et beaucoup de plus jeunes auraient tendance à prendre distance d’avec leur corps ou à vouloir le rendre plus performant (sports, prouesses, tatouages, etc).

Si cette tendance soutient aussi certaines visions transhumanistes où l’on va jusqu’à imaginer le transfert des facultés intellectuelles (voire “spirituelles”) de l’humain dans une “machine”, il y a, surtout à partir de l’Allemagne et le début du 20e siècle, tout un mouvement d’émancipation par rapport à différentes traditions culturelles (ou religieuses) qui voulaient que l’on cache le corps pour des raisons morales principalement liées à la sexualité. Molière s’en moque déjà dans son Tartuffe (“cachez ce sein que je ne saurais voir!”)… et les protestations violentes en milieux islamiques rigoureux (comme en Iran encore aujourd’hui) montrent les tensions qui existent dans de domaine!

Le naturisme, le nudisme sont des mouvements qui rejoignent aujourd’hui ceux qui défendent la “nature” contre un puritanisme jugé artificiel et peu respectueux de la vérité corporelle souvent occultée par les civilisations dites “avancées”!
Et, sur ce point, en chrétienté, le moralisme catholique (et certaines étroitesses souvent hypocrites ailleurs) peut être pointé du doigt.

Pourtant, il est clair que le corps est une donnée fondamentale de la vision biblique et évangélique de l’humain. Pas de vraie humanité sans incarnation. Pas de résurrection sans corps à ressusciter. Mais également pas de pratique “sacramentelle” (qui unit tous les croyants) sans le passage du corps à travers l’eau purificatrice, sans les onctions d’huile de consécration spirituelle et médicale, sans le pain et le vin d’une communion qui supposent des personnes en chair et en os!
Le rêve transhumaniste tente d’oublier” que nos corps ne sont pas que matière; ils s’inscrivent aussi dans des corps sociaux, culturels, politiques, etc” (p.9).

Mais les progrès techniques bien appliqués renforcent les possibilités humaines de compenser les faiblesses des corps humains (médecine, pacemakers, exosquelettes, kiné, sports, nutritionisme, etc). Et, de par sa foi, le chrétien continue d’être attentif aux besoins de son corps et de celui de son “prochain” (comme le Bon Samaritain envers le blessé le long de la route) et cela jusqu’à la mort!

Mens sana in corpore sano”: un esprit sain dans un corps sain!
Le chrétien est également attentif à une utilisation artistique du corps (danse, arts plastiques, etc): la liturgie n’est-elle pas une grande mise en scène corporelle?

Bref, une attention renouvelée au “corps” (et aux corps) comme lieu vraiment et pleinement “humain” pour incarné (pétrir dans la chair) le message divin initié par la longue venue de Dieu dans la chair humaine.

Sans oublier, qui manque peut-être à ce panorama du Journal Réforme, le regard nettement positif que cette dignité du corps humain devrait faire porter sur les relations corporelles des corps de la femme et de l’homme, source du renouvellement corporel de générations en générations!