La mort: un élément de la vie

Mai 2021

La mort fait partie de la vie. Même si la société devient de plus en plus performante dans la gestion des fins de vie, (et l'on ne peut que s'en réjouir!), le souci de ce que l'humanité ne devienne pas un cancer généralisé et fatal de la planète Terre doit éclairer les démarches de confort et de facilitation des fins de vie!

Poursuivre la réflexion sur les attitudes correctes à proposer pour l'humain en fin de vie au moment où la question de l'euthanasie fait à nouveau l'objet d'un débat parlementaire (en France cette fois), me semble vital en cette période d'histoire où toute l'humanité planétaire a été brutalement confrontée à une pandémie qui sème la mort et amène chacun à une mise en perspective de la vie et de ses significations!

La lutte contre la mortalité sous toutes les formes où elle peut se présenter fait partie des conquêtes techniques et scientifiques souvent étonnantes et admirables des 150 dernières années de l'histoire humaine… même si cette quête reste un souci fondamental de tout vivant!

La culture médicale qui entoure cette problématique est largement représentée par les analyses apportées par notre Veille culturelle.

Mais les enjeux de société sont évidemment beaucoup plus larges.
Donner la vie, faire naître d'autres humains sans aucune considération pour l'avenir global de la présence humaine sur la planète Terre, semble, au minimum, être une erreur dans le raisonnement concernant la signification de la vie humaine sur cette Terre. L'exemple qui me vient le premier à l'esprit est celui de trois modèles historiques récents d'attitudes face à l'accroissement du nombre de bouches à nourrir sur la planète.
Le premier et le plus connu est celui de la Chine de Mao avec sa limitation drastique et policière des naissances, limitées à un seul enfant par couple. Ce choix, très discutable bien sûr, a certainement contribué à éradiquer pratiquement les famines régulières auxquelles étaient confrontés les Chinois jusqu'après la moitié du 20ième siècle! Sans contraceptifs médicaux, cela n'a pu se faire qu'au prix d'éliminations brutales de très nombreux foetus, de même qu'au prix d'une sélection déséquilibrée de mâles au détriment des femelles… avec toutes les conséquences sociétales actuelles d'une Chine qui peut camoufler ces problèmes derrière une réussite économique et scientifique de plus en plus triomphante. Mais a-t-on une idée de leur “vision” sur l'avenir de l'humanité à partir du moment où les Chinois mettraient désormais au monde plus de 100 millions d'humains supplémentaires chaque année?

Le second est celui des témoignages donnés sur les brutalités commises en plusieurs lieux d'Amérique latine – à formation et encadrement moraux “chrétiens” – sur les bandes de “jeunes délinquants” dont les polices de différents régimes autoritaires doivent délivrer certaines grandes villes comme on dé-ratiserait des quartiers insalubres par l'élimination d'une pègre qui prolifère dans la misère et sans aucun contrôle au nom du caractère “sacré” de toute vie dès qu'elle apparaît suite à l'union d'un homme et d'une femme! La réflexion “chrétienne” sur la natalité humaine continue-t-elle de progresser depuis l'Encyclique contestée du Paul VI sur le contrôle des naissances (Humani Generis)?

Le troisième me semble posé par l'intervention très généreuse et efficace de la Fondation Bill et Melinda Gates pour limiter les causes de la mortalité infantile en Afrique. Sur les 10 années d'actions de cette Fondation, entre 2010 et 2020, et principalement grâce aux efforts et investissements consentis par cette Fondation, le taux de mortalité infantile en Afrique à diminué globalement de 50%, permettant de faire croître vers l'adolescence et la maturité, plusieurs millions de nouveaux-nés africains. Cela veut dire que, dans un continent déjà pointé comme actuellement le plus fécond du monde en termes de naissances par couple, on double le volume des “bouches à nourrir”… comme de tous les problèmes sociétaux qui seront liés aux développements de ces nouveaux êtres humains (éducation, travail, avenir sociétal)! Est-ce à une Fondation, fut-elle caritative et très efficace, à décider ainsi de l'avenir du peuplement de la planète (ou au moins d'une partie de cette planète)? Est-ce la préfiguration du modèle de développement global qui serait souhaitable et qui serait en harmonie réelle avec l'ensemble des idéaux humains concernant la vie et sa gestion de la naissance à la mort?

Réfléchir à la fin de vie ne peut donc se faire sans réfléchir à la vie tout court!

Merci de garder cela en tête en prenant la mesure des efforts considérables qui se font pour mieux encadrer les fins de vie!