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Comptes rendus
● Jacques Nieuviarts et Gérard Billon,
Traduire la Bible en français, Cahiers Évangile, 157, septembre 2011,
Paris, Cerf, 72p., 9 €uros.
Très sympathique et intéressante réflexion sur la traduction, et plus
particulièrement, sur la Bible traduite en français. Les auteurs ne recensent
pas moins de 26 traductions françaises de la Bible aujourd'hui disponibles:
depuis les traductions anciennes de Castellion et de Sacy, récemment republiées,
en passant par les traductions juives (Cahen, Rabbinat), et les traductions
protestantes (Segond de différentes époques et différentes présentations depuis
1880, Colombe, Genève, Semeur, Darby), catholiques (Glaire, Crampon, Maredsous,
Jérusalem, Osty, de Beaumont, Bible des peuples, Nouvelle traduction, Bible de
la Liturgie), interconfessionnelles (T.O.B. , Français courant, Parole de Vie),
ou "autres" (La Pléiade, Chouraqui, Monde Nouveau).
La traduction de la Bible de Maredsous est
classée parmi les traductions "qui vont privilégier ce qu'on appelle
l'équivalence dynamique, …ce n'est plus le lecteur qui est tiré vers le
texte-source [comme dans le cas des traductions par "correspondance formelle"],
c'est le texte-source qui est amené vers le lecteur" (p.30). Et on la mentionne
encore à propos du "paratexte informatif" qui conditionne souvent
l'interprétation ou la lecture du texte traduit, notamment à travers
l'annotation. Ainsi en est-il de la théorie des sources dans le Pentateuque qui
fut remise en question dans les années 1980, une remise en question dont ne
semblent tenir compte ni la révision de la Bible de
Jérusalem de 1998 ni la Bible pastorale de
1997. Et c'est encore dans ce contexte que cette Bible
pastorale est décrite en parallèle avec La Bible
expliquée (2004) et Ze Bible (2011), – qui
utilisent toutes deux la traduction de la Bible en français courant –, ainsi que
la Bible des peuples (1998), pour souligner
l'apport des brefs commentaires en marge tout au long du texte dont
"l'originalité tient au lien du commentaire particulier avec le fil rouge
général "canonique" (il concerne toute la Bible) …et est heureusement complété
par des indications concernant la lecture biblique dans les liturgies
catholique, byzantine et juive" (p.50). À propos des apports au sens général
donnés par la seule présentation typographique des traductions proposées (voir
le paragraphe "Le texte sur la page" pp. 52-53), les auteurs n'ont probablement
pas remarqué deux particularités proposées par les deux principales
présentations de la Bible de Maredsous: a) la
Bible de Maredsous, dite "de promotion" (publiée
par Brepols depuis 1977 au format 17 x 10,5 cm) se présente comme un livre
ordinaire sans présentation en colonnes et sans aucun sous-titres – ceux-ci sont
remplacés par la mise en évidence de plusieurs mots du texte mis en gras dans le
début du paragraphe ou de la péricope; il n'y a pas de numéro de chapitre ou de
verset "dans le texte" (ils sont en marge); et toutes les notes sont en fin de
volume; b) la Bible Pastorale réserve les
caractères ordinaires pour ce qui constitue le "texte" de la Bible, toutes les
autres mentions (chapitre, verset, sous-titres, annotations, etc) sont en gras
ou en italique.
Dans le travail de Nieuvviarts et Billon, il faut attirer l'attention sur
l'intérêt des textes sélectionnés et présentés en "encadrés", ainsi que la
largeur de vue du dossier qui prend en compte tous les aspects du processus de
traduction et en explique bien les enjeux et les limites. Peut-être que sous
l'angle de la communication, l'idée sous- jacente à beaucoup d'efforts réalisés
par les Sociétés Bibliques, d'une attention à des niveaux de compréhension de
différents publics (langue littéraire ou savante, langue populaire, traductions
pour ceux dont la langue-cible n'est pas leur langue maternelle) n'est-elle pas
suffisamment soulignée alors que c'est souvent l'évolution du niveau de captum
d'une population donnée (le bassin économique pour lequel on traduit) qui
justifie la publication d'une nouvelle traduction et les principes de sa mise en
oeuvre.
Dans ce sens, les questions posées par le passage à l'écriture électronique multisensorielle et multimédiatique ne sont pas abordées. Ce sera pourtant le défi suivant: la Bible de la Liturgie ne semble pas l'affronter, tandis que le projet La Bible en ses Traditions (BEST) de l'École biblique de Jérusalem l'aborde en construisant une Base de données textuelle (seulement?) de sa proposition. La question sera à explorer dans un prochain Cahier Évangile!
● Lettre aux Amis, Jérusalem, n°7, juillet 2011 Paraissant après la célébration des 120 ans de l'École biblique de Jérusalem, ce 7e numéro du bulletin donne des nouvelles sur le quotidien de l'École et sa dynamique. Le projet BEST est pointé comme l'un des objectifs majeurs dans les réalisations en cours. L'un de ses promoteurs , P. Justin Taylor, en redit les grandes ambitions qui pourraient aller, au-delà de l'apport de toutes les "traditions", jusqu'à l'écho des "artistes, poètes, musiciens dans leur réception du texte" (p.14).
Avec l'annonce d'une révision classique de la Bible de Jérusalem qui serait flanquée d'un volume compagnon, publiant notamment deux livres "précanoniques": 4 Maccabées et le Protévangile de Jacques. Le cahier se termine par un article du P. Bernard Montagnes sur Marie-Joseph Lagrange et la Parole de Dieu : "c'est bien parce qu'il a été un exégète en quête de Dieu que l'on poursuit sa béatification"(p.38).
● Raconte-moi … Jonas, Maison de la Bible, Wavre, n°65, septembre-octobre 2011. Avec la complicité, notamment de Brigitte Rigo, d'Ignace Berten, de Thierry Kervyn et d'autres, sans oublier l'infatigable Sœur Marie-Philippe Schùermans, voici une savoureuse relecture du petit prophète rebel! Joint à ce numéro, une invitation au dialogue des lecteurs avec le groupe-pilote du Bulletin, spécialement à partir d'une adresse électronique: amis.maisondelabible@yahoo.fr.
Qu'on se le dise!
● Malek Chebel, Manifeste pour un Islam des Lumières, Pluriel, Arthème Fayard, Paris, 2011.
Déjà publié en 2004, ce texte est ici assorti d'une nouvelle Préface d'une dizaine de pages écrites au début de 2011. Malek Chebel confirme ses 27 propositions pour réformer l'Islam, même s'il doit affirmer fortement dans sa Préface que "l'islam ne peut être changé en dehors du changement du musulman lui-même"; et donc, que "la priorité des priorités doit être réservée à l'"éducation du changement" dans le monde arabe sur le principe: "Le savoir vaut une prière""(p. IX).
● Les Islams, Reliures, n°26, printemps-été 2011, 40 pages.
Ce dossier bien monté et très ouvert fait toucher du doigt les lieux possibles du changement appelé par Malek Chebel. Il instaure un vrai dialogue parmi toutes les tendances d'un Islam qui, sans être aussi diversifié que la chrétienté, ne peut certainement pas être considéré comme une "pensée unique" dès lors que les pouvoirs politiques n'oppriment pas l'expression d'une recherche humaine authentique!
● Marie d'Udekem-Gevers, La
Machine mathématique IRSIA-FNRS (1946-1962), Bruxelles,
Académie royale de Belgique, 2011, 224 pages, ISBN 978-2-801-0280-8,
22 €uros.
Voici le premier fruit tiré de la création du Fonds d'Archives
"Histoire informatique belge" en voie de constitution depuis 2008 à
la Faculté d'Informatique des FUNDP à Namur. Les nombreux contacts
et interviews réalisés par Sandra Mols et Marie Gevers de 2008 à
2010 ont montré l'urgence de décrire l'aventure de la première
machine à calculer programmée conçue et réalisée en Belgique, dans
la foulée immédiate des deux grands projets pionniers que furent,
vers la fin de la guerre 1940-45, la machine EDVAC/ENIAC de
Cambridge et les MARK I, II, III du Professeur Aiken à Harvard. Ce
dernier sera directement associé au projet "belge" dès 1946. Il
était urgent d'interviewer les témoins encore vivants de cette
aventure trop peu connue. On trouvera leur photo et un curriculum
vitae à l'Annexe 3 du livre. Ils ont pu fournir à l'auteure une
foule de détails qui, sans eux, risquaient de se perdre à jamais.
Cela permet à Marie Gevers de montrer tous les aspects de cette
réalisation: cadre institutionnel et financier, architecture
physique et programmation de cette machine qui ne sera, finalement,
utilisée en travail réel qu'entre 1955 et 1960/62. Ainsi passent les
iguanodons!
De nombreuses illustrations aident le lecteur à visualiser les
étapes de cette réalisation et l'état de la technologie tout au
début de ce qui va devenir l'informatique. La mise en oeuvre du
principe de l'écriture binaire électronique suppose toute
l'infrastructure et la recherche effectuées dans le domaine de la
téléphonie, notamment sur tous les types de "basculeurs
électroniques". Rien d'étonnant donc que ce soit l'usine de la Bell
Telephone d'Anvers qui ait été le lieu de conception, de mise en
oeuvre et de première expérimentation de cette "machine
mathématique"! Pour la Belgique, cette création apparemment peu
productive, fut la pépinière dans laquelle furent formés un bon
nombre de ceux qui allaient enseigner les premiers l'informatique
dans les universités et les grandes écoles.
Merci à Marie Gevers d'avoir accepté ma suggestion de donner un peu plus de corps à la notice biographique concernant Victor Belevitch ("Toto" pour les intimes) dont la famille fut assez proche de celle de mes cousins Poswick-de Crawhez. On voit effectivement qu'il est présent à toutes les étapes de cette aventure!