Interface n° 99 Juin 2005
● Éditorial
● À propos de "Priez quinze jours avec les
Chrétiens de Rome"
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Karol Wojtyla, le Jean-Paul II qu'a connu Informatique & Bible
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Échos du Festival FuturTalent
News D’un pape à l’autre: Décès de la Sr.
Hélène Malaizé, disciple du Bienheureux Nicolas Roland Marc Vervenne,
Recteur K.U.L. Léon Dehon: une
béatification post-posée mais une belle conférence du P.
Ledure à Burnot |
Éditorial Benoît, un programme de vie et de gouvernement Quelle que soit la raison du choix du nouveau Pape, la référence au modèle initial, saint Benoît de Norcia, ermite à Subiaco, puis fondateur de Montecassino, patriarche des moines d'Occident et, depuis Paul VI, patron de l'Europe, donnerait des indications quant au programme de vie et de gouvernement qu'évoque un tel patronage. Que propose, en effet, S. Benoît? Nous pouvons le savoir avec une très grande précision et beaucoup de détails pratiques à travers sa Règle – qui fut imposée à tous les monastères d'Occident à l'époque de Charlemagne et qui est pratiquée depuis 15 siècles dans des milliers de communautés –; à travers sa vie racontée par le Pape Grégoire le Grand dans ses Dialogues; et à travers les mille façons dont différentes communautés d'hommes et de femmes ont mis en pratique sa Règle et la vivent encore aujourd'hui. Que trouvons-nous dans cette Règle de vie communautaire? Tout d'abord, qu'il s'agit précisément de construire des communautés faites de personnes qui toutes sont en recherche du vrai Dieu et veulent le trouver à travers l'enseignement et la personne de Jésus de Nazareth. Si “chercher Dieu” est le premier critère pour sélectionner un candidat à la vie monastique selon S. Benoît, “ne rien préférer à l'amour du Christ” est le programme essentiel qui doit guider la vie du “bénédictin” et l'engage à faire passer tout le message des Évangiles (et de la Bible) dans sa vie et celle de ses proches. Ce n'est pas une série de recettes ou de conseils de vie qui permettraient de mieux vivre à titre individuel. Ce sont des conseils pour faire croître en soi la personnalité grâce à la construction d'un réseau de relations qui bâtissent une “communauté”, un Corps, le Corps du Christ, l'Église. Ainsi, la Règle de S. Benoît est un “précis des Évangiles”, comme disait Bossuet, et, ce résumé du message évangélique constitue avant tout une “école de relations”. Qui dit “école de relations”, dit immédiatement “vie en société”, “modèle de vie en Église”. Ce modèle est fait de quelques structures simples: le respect absolu de la personne avec une attention toute particulière pour les plus faibles (les enfants, les vieillards, les malades, les déracinés, les pauvres); une réelle délicatesse dans les relations entre les personnes qui suppose d'être vraiment attentif à ce qu'elles sont et peuvent devenir; la recherche d'une vie équilibrée, à la mesure des possibilités de chacun, entre un travail sérieux et la recherche de Dieu (surtout par la prière en commun); un partage des décisions de vie – (n'a-t-on pas dit que la Règle de S. Benoît avait été la matrice des systèmes dits “démocratiques” de l'Occident?) –; l'acceptation, après élection démocratique, de faire confiance et d'obéir à un supérieur de communauté aux pouvoirs étendus et monarchiques mais dont la charte de gouvernement est précisée par la Règle: être un modèle d'humilité au service de ses frères, préférer servir que commander, avoir d'abord le souci des plus démunis dans la communauté et hors de la communauté, et rappeler, sans répit et sans faiblesse, à tous, les principes de base d'une vie de recherche de Dieu qui construise, au mieux des possibilités de chacun, cette “communion” et fasse croître le Corps du Christ et, par là, l'humanité dans son développement en plénitude (tout l'homme et tout homme). Ce programme ne peut se réaliser que dans les structures d'une communauté à échelle humaine, là où les personnes peuvent réellement se rencontrer, se reconnaître, s'aimer, s'apprécier et s'aider à croître vers une plénitude d'humanité. C'est, là aussi, un modèle pour la croissance d'une Église qui s'enracine aux sources évangéliques et au modèle suscité par la vie, l'action, la parole, la mort et la vie retrouvée, de Jésus de Nazareth. N'est-ce pas là un beau programme de vie et de gouvernement à proposer à notre société en recherche de “modèles de référence”? Fr. R.-F. Poswick, osb |