Interface n° 87 4e trimestre 2002
● Editorial Alzheimer électronique?
● La Nouvelle Bible de Segond P. Irénée Fransen
● Le chef de saint André J. Siat et P. Fransen
● Communication Research Trends J. Dessaucy
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Éditorial Alzheimer électronique? Avec le DOS, on a cru à une certaine normalisation et standardisation de l'informatique des micro-ordinateurs. On aurait des perfectionnements, mais avec une maîtrise programmée sur les utilisations de la machine. Windows et Microsoft ont dérangé cette stabilisation et l'on ne voit pas très bien, aujourd'hui, où s'arrêtera cette déstabilisation galopante qui décourage beaucoup d'utilisateurs. Le dégonflement des “valeurs technologiques” en Bourse montre la lassitude globale devant trop de promesses non-tenues ou mal tenues. Mais l'on n'a pas encore vu d'étude sérieuse sur la perte de productivité due à l'usage de l'informatique dans beaucoup d'entreprises (à côté de gains sectoriels certains). Il en est de même pour les supports de données électroniques. Leur évolution constante, le manque de standard unique, le vieillissement rapide des machines et des logiciels fragilisent la stabilité de ces mémoires. La pratique du courriel (e-mail, courrier électronique) dépouille les institutions et les personnes d'archives. On se fie naïvement à la possibilité de tout retrouver quand on voudra… mais un jour, c'est le krash d'un disque, c'est une vieille disquette qu'on ne peut plus relire, c'est une nouvelle version du système d'exploitation qui n'a plus la faculté d'interpréter correctement (= comme on pensait les avoir correctement introduits) des caractères spéciaux, des mises en pages et encadrés, etc… Quel gâchis! Surtout quand on fait croire qu'il suffit d'avoir un ordinateur pour “programmer”! Et pourtant, il y a quelques règles simples et élémentaires que les “vrais” programmeurs apprennent comme l'ABC de leur profession, mais qui sont pratiquement impossibles à mettre en œuvre avec les logiciels accessibles à tous sur le marché. Il faut donc “programmer” (= créer des programmes, vraiment) pour le faire. La première de ces règles: il faut, pour conserver à longue échéance des données, séparer, de façon nette, les données, les programmes qui traitent ces données et les machines sur lesquelles des programmes vont traiter ces données. Par exemple, sauver des données dans Excell et son format, c'est, presque toujours, à terme, perdre ces données. La deuxième règle: documenter. Cela demande de l'ordre et de la méthode (fut-ce pour attribuer un nom à un fichier). Cela demande de la constance et tout ne peut pas se faire sur ordinateur: il faut garder des registres transcris à la main parfois plus faciles à maintenir qu'une “Base de données”! La modestie par rapport à la puissance des machines reste une des clefs pour traverser l'évolution toujours non-stabilisée des technologies de l'information et de la communication. C'est la seule façon de garder une mémoire et la “tête sur les épaules”! Fr. R.-F. Poswick |