L'énergie au cœur de l'avenir humain, et donc de la Vie de la planète Terre?

L'urgence du nucléaire durable   L'urgence du nucléaire durable

Janvier 2024

L'énergie, sa source, sa distribution et son partage selon les besoins de l'humanité planétaire sans détériorer plus avant la viabilité (= la Vie) sur cette planète, son utilisation pour une croissance en humanité… l'énergie est au cœur de notre avenir!

Si un constat globalement reconnu (sinon suivi d'action) vante les “énergies alternatives et non‒polluantes” ‒ c'est‒à‒dire l'abandon, à une échéance la plus rapide (raisonnable?) possible, du gaz, du charbon et du pétrole comme sources d'énergie ‒ , il semble que les 4 autres sources d'énergie (non‒polluantes?) que sont le photovoltaïque, l'éolien, l'eau et la géothermie, ne seront pas suffisantes pour couvrir les besoins planétaires dont les 4 plus gros utilisateurs sont, aujourd'hui, les États‒Unis, la Chine, l'Inde et l'ensemble des utilisations électroniques planétaires!

Devant cette situation globale, la réduction des gaz à effet de serre pourrait venir d'une stagnation (ou diminution) de la croissance d'humains et de bétails, d'une modification généralisée des habitudes de consommation partout sur la planète (…peu probable ou difficile, car cela demande une “conversion” de caractère presque “religieuse”!!!).

Par contre, on devrait pouvoir compter sur une meilleure gestion de l'énergie atomique. Elle ne produit pas de gaz à effet de serre et on peut, aujourd'hui, la développer bien au‒delà de tout ce qui a été réalisé depuis les premières “armes” (1945), et les premières “centrales” nucléaires (1954, 1956) produisant du courant électrique!

Mais la “politique”, souvent soutenue par les grands groupes financiers et extractivistes (extraction du charbon, du gaz et du pétrole, notamment), semble bloquer les avancées dans ce domaine contrôlé par en partenariat avec ceux qui, aujourd'hui, “distribuent” l'énergie!

Et pourtant, les solutions sont là!

Un très intéressant documentaire a été présenté par Netflix en 2019 sous le titre Dans le cerveau de Bill Gates. La troisième partie de ce documentaire réalisé par Davis Guggenheim (qui a reçu l'Emmy Awards pour sa réalisation) porte le titre “Recherche de solutions au changement climatique”. Elle est presque entièrement consacrée aux investissements réalisés par Bill Gates et sa Fondation pour financer (avec Warren Buffet) la conception, la fabrication et la commercialisation de Centrales nucléaires de petite taille, parfaitement sécurisées, exemptes d'impact environnemental et utilisant les déchets nucléaires produits par les Centrales construites depuis 70 ans (un réservoir de matériaux de base qui permettrait de faire fonctionner ces “petites” Centrales durant des “Centaines” (!!!) d'années).

Mais les blocages politiques semblent bien présents. Bill Gates et sa firme TerraPower, auraient été empêchés par l'Administration de Mr Trump de passer un important contrat pour la création de telles Centrales en Chine!

Et, en France, nous sommes devant le cri d'alarme de Claire Kerboul publié chez DeBoek en Mars 2023 sous le titre L'Urgence du Nucléaire Durable, 176 pages (ISBN 978‒2‒8073‒5748‒8). Docteur en sciences physiques dans le domaine du nucléaire, Claire Kerboul a enseigné sur ces sujets, mais elle a aussi été Directeur de Cabinet du Haut‒Commissaire à l'énergie atomique en France.

L'abandon par la France de filières de développement autonomisées pour un nucléaire français comme ce fut le cas dans tous les développements d'après la guerre 1940‒45 (et explique que la France soit une des puissances nucléaires mondiales), menace l'autonomie énergétique française à un moment où les transitions écologiques demandent des énergies non seulement “renouvelables”, mais “durables”!

Bernard Accoyer, président de l'Association “Patrimoine Nucléaire et Climat” (PNC) qui préface le livre, résume ainsi la situation

Après un désinvestissement dans le nucléaire et le projet utopique de la sortie du nucléaire, sous la pression d'une idéologie relativiste pour qui in fine la fin du nucléaire est prioritaire sur la fin du monde, la France doit relancer sans délais sa filière nucléaire durable en se substituant progressivement, mais dès que possible, au nucléaire actuel tout en traitant les déchets. (p. 12)

Mais qu'entend‒on au juste par une énergie “durable”? C'est encore Bernard Accoyer qui nous le dit

Claire Kerboul rappelle la définition de la durabilité: “un procédé dont le développement répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs”.
L'impact des énergies renouvelables et de leurs externalités sur les ressources en terres rares, leurs conséquences environnementales, encore mal évaluées mais évidentes, illustrent la différence fondamentale de sens entre renouvelable et durable, puisque panneaux photovoltaïques, éoliennes, batteries, réseaux… ne sont en rien durables. (p. 8)

On peut alors entrer dans l'argumentaire de Claire Kerboul. Et d'abord l'insuffisance des énergies dites “renouvelables”

Les expériences en cours le démontrent: le retour fantasmé à un monde 100% renouvelable, comme il l'était par le passé, n'assurera en rien l'indispensable décarbonation pour ralentir la dérive climatique. De fait, les énergies renouvelables intermittentes, avec leurs compléments carbonés inévitables, ne sont ni renouvelables, ni, a fortiori, durables. Les seules sources d'énergies pilotables décarbonées sont l'hydroélectricité et l'électronucléaire. Ce constat est maintenant largement établi (en note “L'apport de l'énergie nucléaire dans la transition énergétique aujourd'hui et demain”, Académie des sciences, 8 juillet 2021). (p. 41)

Mais l'énergie nucléaire, malgré d'autres inconvénients qui seront analysés plus loin (notamment la “durabilité” des déchets qu'elle engendre), est‒elle réellement moins polluante sous l'angle des gaz à effet de serre qui menacent le climat de toute la planète?

Claire Kerboul répond

L'énergie nucléaire, contrairement au pétrole, au gaz et au charbon, n'émet quasiment pas de gaz à effet de serre (en note: 6gCO²/Kwh en France, à comparer aux 443gCO²/Kwh pour le gaz, 730gCO²/Kwh pour le pétrole et 1058gCO²/Kwh pour le charbon… + références); elle est constante quelque soit la disponibilité du soleil et du vent. Par sa nature nucléaire, elle est extrêmement concentrée: 1g d'uranium contient autant d'énergie que 1,7 tonne de pétrole, ou 2,5 tonnes de charbon, ou 2000 m³ de gaz. Ce rapport considérable, d'environ 1 à 1 million, est lié à la force nucléaire qui est des millions de fois plus intense que la force électromagnétique: la fusion d'un noyau d'uranium libère 200 millions d'électron‒volts, à comparer aux quelques électrons‒volts produits lors de la cassure d'une liaison chimique d'un élément hydrocarbure. (p. 44)

Et sous forme positive

Un chiffre suffit à montrer le potentiel du développement durable du nucléaire en France: si la France disposait de Réacteurs à Neutrons Rapides (RNR), son autonomie énergétique serait de plusieurs millénaires sur la base de son stock actuel de matières énergétiques (en note: Actuellement, la France dispose de plus de 500.000 tonnes d'uranium appauvri et de plusieurs centaines de tonnes de plutonium, dont une partie confinée dans le combustible usé). (p.64)

Mais les blocages politiques et surtout une vision “écologique” mal informée, ont bloqué toute la filière nucléaire française!

La fausse piste de prolongation des installations actuelles qui fonctionnent avec des Réacteurs à Neutrons Lents (RNL): cette prolongation mène à la panne complète faute de carburant

Les réserves d'uranium sont estimées comme pouvant alimenter pendant 90 à 130 ans le parc mondial de réacteurs existants qui sont des réacteurs à neutrons lents. Ainsi estimées, elles dépendent du prix auquel on serait prêt à payer l'uranium. Rappelons que le parce mondial de 444 réacteurs (données au 27 septembre 2021) assure à peine plus de 4% de la consommation mondiale d'énergie.
Cependant raisonner sur ces seuls chiffres revient à négliger l'évolution des besoins en énergie décarbonée d'ici la  fin de ce siècle. En outre, s'en tenir à des réacteurs à neutrons lents revient à se satisfaire d'un gaspillage qui, à l'échelle de la planète, pose un véritable problème éthique vis‒à‒vis des générations futures. (pp. 144‒145)

Dès lors, il faut relancer la recherche en direction de centrale nucléaire qui pourront utiliser les déchets radioactifs des Centrales actuelles. Cela commence par la relance de la “Recherche et Développement” de ce secteur, laissés en friche en France ces dernières années. Mais également par l'installation, près des Centrales nucléaires actuelles de petites unités déjà capables de ré‒utiliser les déchets de ces Centrales. Ce sont les SMR (Smal Modular Reactor) qui sont encore des Réacteurs à Neutrons Lents (RNL) mais dont on maîtrise déjà largement la technologie (il y en a plus de 400 en mer pour la propulsion navale).
Mais il faut assurer un développement vers les petits Réacteurs à Neutrons Rapides (RNR) dont plusieurs formules sont à l'étude ou en test. Cela passe peut‒être par une vraie prise de conscience des décideurs financiers… et donc du secteur industriel privé plutôt que de l'État. Claire Kerboul n'est pas opposée à une telle reprise en main par “le privé”

Que l'industriel s'empare du sujet est peut‒être une bonne chose – même si on peut se demander si ce n'est pas un peu tard, car la concurrence internationale sur ces petits réacteurs bat son plein. (p. 155)

…Mais, très curieusement, Claire Kerboul, dans tout son livre, ne fait aucune allusion aux recherches et développements mis en œuvre aux États‒Unis par Mr Bill Gates! Une petite faiblesse hexagonale?

On a signalé que le débat en cours sur le prolongement ou non des Centrales Nucléaires classiques, s'est concrétisé, pour la Belgique, par un accord gouvernemental pour le développement d'un SMR à Doel ou à Tihange (Le Soir, 9 Novembre 2023; De Standaard, 30 décembre 2023)… et cela sous forme de prototype à ambitions de distribution mondiale par Westinghouse et Ansaldo Nucleaire! …la main invisible (?) de la finance internationale est bien présente derrière tout cela et ne favorise pas un développement qui demanderait un certain courage/risque financier!!